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Le Syndicat Mixte du Grand Site de France Conca d’Oru, Vignoble de Patrimonio – Golfe de Saint-Florent est un véritable outil de décision, de gestion, de planification et d’ingénierie auprès des communes d’une partie du Nebbiu. Dernier projet en faveur du patrimoine agricole bâti : L’opération « Pierres Sèches » qui a consisté d’abord à réaliser l’inventaire du territoire puis à présenter lors d’un chantier d’insertion, la réhabilitation d’un Pagliaghju selon les anciennes méthodes.
Dans un premier temps, un travail d’inventaire du patrimoine agricole bâti dans le périmètre du Grand Site a été effectué par quatre étudiants de l’école d’architecture de Montpellier sous l’égide du prestataire Sud Concept. Durant deux mois, ceux-ci ont arpenté le Grand Site à la recherche d’« Aghje », « Casette », « Pagliaghji », des moulins, des fours à chaux, des murs, etc. ; près de 200 édifices de patrimoine agricole bâti ont été répertoriés à cette occasion. L’opération « Pierres Sèches » regroupe cinq axes : Faire découvrir aux visiteurs le patrimoine agricole bâti du Grand Site, sensibiliser les visiteurs à la préservation de ce patrimoine, valoriser ces édifices parfois méconnus, débattre avec les intervenants sur les techniques et méthodes de restauration et aider les propriétaires des pagliaghji à engager ces opérations de restauration.
Pour le directeur du Syndicat Mixte, Antoine Orsini : « Dans le cadre du plan de gestion du Grand Site de France, il y a la thématique de la restauration et de la valorisation du patrimoine agricole bâti. A partir de l’inventaire, il a été dressé la localisation GPS mais aussi l’état général des édifices. Il a été nécessaire de regarder si ces sites étaient aptes à la restauration ou pas. Cette première étape doit se concrétiser dans les prochaines semaines par la publication d’une brochure qui recense le diagnostic mais qui édite aussi des fiches techniques pour les pagliaghjii, pour les aghje, pour les murets, pour les Casette afin d’aider éventuellement les propriétaires à réhabiliter ces édifices selon les règles de l’art. La seconde étape faisait l’objet de cette journée du 10 janvier. Nous avons présenté avec deux entreprises d’insertion dans une optique expérimentale et démonstrative. On voulait démontrer par l’exemple, la manière de restaurer selon les bonnes techniques un pagliaghju de manière à ce qu’il reste dans son jus pour le dire de façon un peu triviale. Il s’agit de respecter son architecture patrimoniale originelle. »
Pour l’occasion, deux pagliaghji ont été restaurés, l’un sur la commune de Saint Florent et l’autre sur la commune de Poggio d’Oletta. Deux pagliaghji très caractéristiques du territoire mais différent en raison de la géologie : « Ce sont deux pagliaghji avec un toit en encorbellement. A Saint Florent, on est sur une pierre calcaire tandis qu’à Poggio d’Oletta, le pagliaghju est en roche de schiste. L’opération a permis de montrer comment l’on pouvait reprendre les fissures, reprendre les rives de la toiture bombée de ces pagliaghju, notamment de la Terra Rossa battue qui confère au pagliaghju son imperméabilité. »
Ces travaux seront ouverts au public en début, milieu et fin de chantier, cela permettra aux visiteurs occasionnels de constater l’évolution des travaux et de se familiariser aux techniques et procédés de restauration d’ouvrages en pierres sèches. Ces visites seront également l’occasion de détailler la nature de l’opération, de susciter l’intérêt de préserver ces éléments du patrimoine agricole bâti dont la valeur est à la mesure de leur importance et leur usage dans la vie agro-pastorale de nos aînés.
Ce type d’opérations permet aussi au territoire d’envisager la structuration et l’élaboration de nouveaux sentiers de randonnées. Il s’agit de concilier au mieux la dimension patrimoniale et environnementale avec l’aspect touristique : « Ces pagliaghji se trouvent souvent dans des sites que l’on envisage pour la randonnée. Leur valorisation a une dimension forte, on peut élaborer à partir de là des schémas d’interprétation du patrimoine. On veut permettre aux visiteurs de mieux comprendre ces éléments du patrimoine bâti qui sont très anciens, quelles étaient leurs architectures et quels étaient leurs usages ! A travers cette opération pilote, l’idée est de donner envie aux propriétaires, certains l’ont déjà manifesté, de les encourager à restaurer leur patrimoine et de les accompagner sur le plan technique, pour le faire dans les meilleures conditions possibles. »
Le Syndicat Mixte se voudra présent à l’incitation et à l’accompagnement des propriétaires même si très peu d’aides publiques peuvent être allouées dans ce domaine : « Il n’y a pas d’aide pour le privé en l’état actuel des choses. On peut apporter toutefois de l’ingénierie. Contrairement, à ce que l’on peut penser, pour les Pagliaghji qui peuvent être encore restaurés, le coût n’est pas très élevé. Ce n’est que de la main d’œuvre, les matériaux réutilisés se trouvent directement sur place. C’est essentiellement de la pierre et de la terre. C’est avant tout de la main d’œuvre et bien sûr, du savoir-faire ! »